dimanche 17 juillet 2005

CRITIQUES

"Le groupe des quatre"
Varvoglis, Mitropoulos (au centre en haut), Kalomiris (au centre en bas), Riadis, ca. 1931


QUELQUES AVIS SUR EMILE RIADIS


Conférence-concert « Géographie musicale de l’Europe contemporaine » par Michel-Dimitri Calvocoressi, 14 mars 1914, Salle Villiers :

"M. Emile Riadis, jeune compositeur macédonien, doit être placé au premier rang de nos découvertes. Sa verve mélodique surprend et séduit par sa spontanéité et son imprévu, rehaussée de savoureuses harmonies dont les témérités même ne sont pas sans charme. Ses Mélodies macédoniennes furent chantées par Mlle [Fanny] Malnory et accompagnées par M. Armand Lacroix mieux qu'avec talent : avec une compréhension parfaite des moindres intentions de l'auteur..."
Paul LADMIRAULT, Revue Musicale SIM, 1er avril 1914, p. 56.
Concert de la SMI, 4 mai 1914, Salle Pleyel :
"Au milieu de tous ces conquistadores [Manuel de Falla, etc.] s'était glissé un byzantin subtil : M. Emile Riadis. Et ce voisinage ne lui a pas nui. Ses nouvelles mélodies pleines de sonorités rares, d'agrégats savoureux, de témérités harmoniques parfois inquiétantes mais dont la souplesse orientale de l'auteur se tire avec la grâce d'un équilibriste, furent chantées avec grand talent par Mme Gaillard remplaçant Madame Vicq-Challet indisposée, et très musicalement accompagnées par M. Armand Lacroix. "
Paul LADMIRAULT, Revue Musicale SIM, 15 mai 1914, p. 7.
"Perdu, comme le Greco parmi les ibériens [Manuel de Falla, etc.], M. Emile Riadis, jeune compositeur hellène, démontra une fois de plus, à l'aide de trois mélodies, qu'il est un des plus rarement doués de sa génération ! Mme Ceccaldi-Gaillard remplaça inopinément dans leur interprétation, Mme G. Vicq annoncée mais subitement indisposée. Mme Ceccaldi-Gaillard n'a pas dû regretter son juste dévouement. Etant donné le peu de temps dont elle disposa, elle chanta avec un étonnante sûreté : Une Jeune Fille parle [poème de Jean Moréas] ; Les Courlis [poème de Jean Moréas] ; Cette Fille, elle est morte [poème de Paul Fort], et remporta un succès très accentué en ces musiques exquises, dont la dernière particulièrement est un petit chef-d'œuvre d'expression et de juste déclamation lyrique. Pour une fois, le public fut clairvoyant en partageant ses plus grandes faveurs, ce soir-là, entre Emile Riadis et Manuel de Falla, duquel Mme Bathori-Engel, avec sa perfection coutumière dans la diction, détailla, accompagnée par l'auteur, les Colombes, Chinoiserie et la lumineuse et séduisante Séguedilla, qu'il lui fallut répéter !"
Le Monde Musical, n°9, 15 mai 1914, p. 157.
"Terminons cette revue des races latines en inscrivant deux personnalités marquantes parmi les jeunes musiciens méridionaux : le Grec Calomiris aux mélodies fortement teintées de couleur nationale et possédant une vie intense, le Macédonien Riadis, tempérament fougueux dont les recherches ultra-modernes ne reculent devant aucune audace, mais dont quelques mélodies enclosent en leurs strophes tout le charme languide et les ardeurs cachées du mol et sensuel Orient. "
"Riadis, musicien […] moderne, a réussi, grâce aux ressources multiples de la nouvelle technique harmonique, des évocations plus précises de l'atmosphère nationale... encore que son art ait quelque chose d'agressif et de forcé qui révolte bien des sensibilités."
Henry WOOLLETT, Histoire de la Musique depuis l'Antiquité à nos jours, Paris, M. Eschig, 1924, vol. IV, p. 147-148 et p. 282.
"Vers 1915, une nouvelle équipe de jeunes aspirants-compositeurs commençait déjà ses études dans les conservatoires de Paris, de Bruxelles, d'Allemagne, d'Autriche. La plupart d'entre eux étaient fortement mus par l'aspiration commune de créer une musique nationale mais en excluant l'emploi, dans le texte de leurs travaux, des thèmes populaires. L'esthétique des Cinq Russes leur paraissait depuis longtemps dépassée par les acquisitions de la musique moderne. Formés dans des ambiances variées, ils subirent nécessairement des influences diverses. Ceux venant de Paris y acquirent cette richesse harmonique que prodigua Debussy, cette clarté de style et cette maîtrise d'orchestration que légua le regretté Maurice Ravel, cette vigueur rythmique, cette sobriété puissante et classique qu'incarne le meilleur Strawinsky. Ils y cueillirent également le sens vif d'une polyphonie réelle et se détournèrent des écritures fictives. Citons les principaux membres de cette équipe : Émile Riadis, naquit à Salonique et y mourut récemment en pleine maturité. Il laisse de nombreuses mélodies dont quelques-unes constituent de magnifiques spécimens de lieder grecs. Ses manuscrits, encore inédits et inconnus des musiciens et du public, contiennent, nous dit-on, des œuvres symphoniques et chorales du plus haut intérêt..."
Petro PETRIDIS, "La musique grecque", Revue Internationale de Musique, n°II, mai-juin 1938, p. 249-252.


© Dimitra Diamantopoulou-Cornejo